•  

    Ils vont
    Ils viennent
    Les jours

    Ils s'en vont
    Et puis s'en viennent
    Disent les gens

    Plus que les gens
    Les jours
    ... S'en vont
    Et reviennent indéfiniment

    Les gens
    Chaque jour
    Viennent mais eux s'en vont
    Comme lorsqu'ils s'en vont définitivement

    Les jours viennent
    Et s'en vont comme le vent
    Dont les gens ne se souviennent
    Le plus souvent

    Vont les jours
    Comme les gens
    Quand ils s'en vont
    Les gens s'en vont surtout, c'est ce qu'ils font

    Viennt ces amours
    Et avec, leur entregent
    Qui apaise ou confond,
    Mais personne ne s'en morfond

    Ces amours
    Chez les gens en ces jours
    Ces amours
    Tout flottant alentour

    Qui s'en viennent
    Ou qui s'en vont
    Quand les jours
    Viennent et Vont

    Et des fois reviennent
    Comme les gens qui au fond
    Tous font un petit tour
    Et puis s'en vont

    Ainsi font
    Ainsi viennent
    Les jours
    Les amours
                                                Les gens

    Vont et viennent les jours
    Vont et viennent les gens
    Et leurs amours
    Tout indignents

                                                              Ou bien indulgents

    Ils vont
    Ils viennent

    Ainsi vont
    Ainsi viennent

                                                 Les jours
                                                 Les gens




    Je remercie l'auteur "Flâneur" de m'avoir confié ce texte.

     


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  •  

    « Si l’écho de leur voix faiblit, nous périrons » Paul Eluard
     

    De tragique Pologne, Varsovie brûle encore
    L’écrire est impossible sauf d’immense tristesse
    C’est tant l’ampleur du malheur, de sauvages détresses
    Leurs listes, à tant de noms, que violente la mort
    L’acharnement, l’horreur contre des millions de corps
    Au début fut l’incendie contre qui pense et se dresse
    Avant la folie à tuer qui ne pouvait s’en plaindre
    Reste la question pourquoi personne pour l’éteindre
     

    De tragique Pologne, Auschwitz y meurt encore
    Du silence pour étouffer ce qu’on pourrait dire
    Aucun mot ne porte, même pensée à maudire
    L’énoncé d’holocauste, de crimes contre l’espèce
    Ne sert en rien sans des voix d’immense tendresse
    A l’intérieur de soi, et ailleurs qu’aux lieux martyrs
    Sans l’intense respect pour ceux qui sont restés à nous
    Sous l’injure et les coups, qui ont dit : restez debout
     

    De tragique Pologne, des pays sont encore
    Des patries pourchassées, attachées à des étoiles
    Là où s’imposent l’infamie, les tyrans du mal
    Un empire à mœurs barbares, de nuit, de brouillard
    Reste la question pourquoi a-t-on compris trop tard
    Tous les peuples ont perdu d’un bilan infernal
    Des élites d’amours, d’hommes, de femmes, d’enfants
    Leur désespérance est à nous terrible à présent
     

    De tragique Pologne, des Justes pleurent encore
    Qui eux seuls ont réagi de belle humanité
    Une vie sauvant à tout prix une autre enfantée
    Un amour multiplié contre tout sacrifice
    Où tant furent muets, jusqu’à en être complices
    Les Justes sont l’ultime terre qui peut nous sauver
    Je me souviens mon père ne pouvant que pleurant
    Me faire écrire ici ce qu’il faut être en son temps
     

    © Gil DEF - 15.11.2008
     


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  •  Nécropole de Lorette
     

     Il fut un temps paradoxal, après un temps si brutal
     

    Tant de silence anormal, là où il y avait tant de cris
    Tant de fureur, tant d'hommes donnant, et recevant la mort
    Tant de visages effarés, effrayés de ce qu'on eur fit
    Tant d'ombres et de spectres, et tant d'innombrables remords
     

    Tant de clameurs heureux là où il y avait les replis
    Tant de ferveur de femmes priant, et se taisant si fort
    Tant de villages écrasés, méprisés de ce qu'on leur prit
    Tant de patries détruites, réduites aux suprêmes efforts
     

    Il fut un temps paradoxal, après un temps bien trop brutal
     

    Tant de soleil pâle et défait où le clairon fut simulacre
    Pour l'amnistie sur tous les fronts, et ce serait la der des der
    Tant de serments, d'outrance, d'outrage au-dessus des massacres
    Au-dessus des champs tragiques, et des tyranniques cimetières
     

    Tant de mots victorieux où étaient ces fauteurs de guerre
    Les fervents des unions sacrées et les assassins de Jaurès
    Tant de médailles, de généraux, tant de glorieuses carrières
    Tant d'indignité, tant d'oubli quand on se pardonnait de messes
     

    Il fut un temps paradoxal, après un temps tant immoral
     

    Tant de fois, assez, de ces lieux, pour qui les vécut dans l'effroi
    Et dans tant de cauchemars, où des frères sont ennemis
    Même pour un peu d'eau sale, tant de fois assez de croix
    De fer, de bois, pour rien et pour mourir sans amour dans leur vie

    Tant de fois, vanté, tous ces lieux, pour qui y mettra des exploits
    D'être mille et revenir cent, d'être au combat, animal et ivre
    Pour qui força les hommes à manger, à boire n'importe quoi
    Pour qui fusilla, par sa loi contre la pensée de survivre
     

    Il fut un temps paradoxal, après un temps tant innommable
     

    © Gil DEF. 10.11.2008
     


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  •  

    1941, un 22 octobre
    Quatre à Paris
    Dix sept à Nantes
    Et vingt sept à Chateaubriant
    Parmi des centaines d'internés, déjà
    Parmi ma France occupée, outragée
    Jusqu'en ses bras, ses pas et sa voix
    Affamée, et qu'on voudrait résignée
    Diffamée, parce que condamnée de droits communs
    Quand c'est par des lois d'exception
    D'abandon, de collaboration, entendez trahison
    Quand on enfermait au nom de soupçons, des opinions
    Derrière des murs, des barbelés
    En nouvelles prisons, en camps de consternation
    Quand le vol, le viol, de tout corps attaché à la vie
    Est institué, permis
    Et toute résistance punie
    Quand toute propagande dit
    Le prix à payer à l'ennemi
    Des fronts soumis
    Ma France meurtrie, asservie

    Pendant ce temps, à Vichy, on ment
    Il est un Etat résigné, planqué, indigne
    On se vend et et par ailleurs on se signe
    De nouvelle chrétienté et par serment
    Assignée aux dieux fous et aux croix gammées
    Qu'ils n'attendent pas l'oubli
    Ces faits infamants à France
    Passée à l'ennemi, faux trophée de revanche
    Il ne se peut le nom de France
    En ce rôle servile à la mort contre toute branche
     

    1941, un 22 octobre
    Quatre à Paris
    Dix sept à Nantes
    Et vingt sept à Chateaubriant
    Parmi des centaines d'excommuniés, d'expatriés
    Tant de rejets comme mauvais Français exposés
    Quand commence l'impitoyable tri
    Des coupables de rien, sauf de leur vie
    De leurs naissances, de leurs adresses
    Et de leur pouvoir de jeunesse
    L'ennemi puni, attaqué pour de bon
    Se fait bête enragée et terrible enchère
    Et prononce 50 fois la loi du talion
    En 50 noms, 50 otages, épouvantable nom
    A 50 misères de tombeaux, à 50 mères
    Et que pouvait-on y faire, contre tant d'interdits
    Contre la pourriture qui est dans le fruit
    Contre ce qu'on croyait voisin, frère et qui trahit
    Les poings, les mains des otages ne purent suffire
    Leur courage, seul, ferait face au temps martyre
     

    Pendant ce temps, à Vichy, on s'absout
    L'Etat immoral s'en fout, les pieds et les mains dans la boue
    Et en cure de dignité, travail, famille et patrie
    Qu'ils n'attendent pas notre oubli
    Ces faits infamants à France
    Sous le joug impuissant
    Ils ne se peuvent les noms de France
    De patrie et de mère
    Par des fusils contre ses enfants
     

    1941, un 22 octobre
    Ils seront fusillés en ce jour
    Quatre à Paris
    Dix sept à Nantes
    Et vingt sept à Chateaubriant
    A seize heures par trois salves de crimes
    Et bien plus pour achever ces victimes
    Pour ceux qui portaient espoir
    Contre un deuil sous des cieux de corbeaux noirs
    Il n'y aurait pour eux aucun respect, aucun culte
    Au contraire, on leur ferait plus d'insultes
    D'acceptation de leur sort, de ce qu'on retranche
    De la vérité, et à ceux qui entraient dans l'histoire
    Si on sauva leurs lettres de la dernière heure
    Et leurs phrases simples sur des planches
    Ce fut peu, et ne suffit à chacune de leur vie
    Ce fut beaucoup, pour qu'on ne puisse l'oubli
    Contre tout historien déficient de mémoire
    Détaillant sur des affaires sans rapport, dérisoires
    C'est sans bandeau aux yeux qu'il nous faut y voir
     

    Pendant ce temps, à Vichy, on se fit
    Un Etat soldé de vieillesse, de honte et de mépris
    Par ce qu'il acceptait, devançait, faisait et cachait
    Qu'ils n'attendent pas l'oubli
    Ces décrets meurtriers, étrangers à l'asile, à France
    Ces rafles, ces concentrations de la haine, et au-delà
    Il ne se peut le nom de France
    Dans ces solutions de morts qu'on n'imagine pas
     

    1941, un 22 octobre
    Je m'en viens le rappeler
    Quatre fois à Paris
    Dix-sept à Nantes
    Et vingt sept à Chateaubriant
    La France, on l'a tant fusillée
    Son plus jeune avait dix-sept ans
     

    Il ne se peut le nom de France
    Que par la rose et le réséda
    Et par la jeunesse qui y vivra
     

    © Gil DEF. 22.10.2008
     


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  •   

    Comme on se découvre en des clairs de lunes rondes
    De rêves sans paraître en mises en scène
    Comme en apesanteur, dans des sphères lointaines
    Jouant tels violons les vibrations des ondes
     

    Tout un ciel et s’ouvre l’âme à pensée d’étoiles
    En un temps irréel, milliards d’années-lumière
    Dispersées, et passé, et futur, on s’y perd
    On cherche un repère là-haut est notre bal
     

    Sur cette voie lactée, on se fait des réseaux
    Des raisons à connaître les grandes constellations
    Et des vaisseaux nouveaux par l’imagination
    On invente des mots à croire qu’il en faut
     

    Pour tant ce spectacle, à valeur de miracle
    A combler l’ignorance jusqu’à la récompense
    En cette immense danse à jeux d’incandescence
    En des nuits, mélodies à candeurs des oracles
     

    Longue est l’entrevue en ces rêves des âges
    Qui font et qui refont la genèse du monde
    Et l’homme en sa quête, en fils de lune, sonde
    En sa belle apparence l’espace des voyages
     

    Et heureux il se peut, échappé à son temps
    Comme il se voit d’un vœu se sauver une étoile
    S’oublier pour un peu être paradoxal
    A ouvrir puis fermer des portes à l’enfant
     

    Combien on est souvent un meilleur astronome
    En ces moments d’écoute à tant l’immensité
    A tant de quantités à tant de qualité
    Rêvant d’éternité, pour y supporter l’homme
     

    © Gil DEF. 20.10.2008
     


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