•  

    Il est mort le soldat pour des raisons obscures
    Forcément en héros sans plaindre sa jeunesse
    Il ne reste de lui qu’un mensonge à l’histoire
    Demain viendra l’oubli dans tous les ministères
     

    Il a eu une mère un père un pays et vingt ans
    Il a eu des projets pour un temps qui ne sera
    Pendant qu’un général avait d’autre ambition
    Un grand carnage et gloire aux assassins
     

    Il est mort le soldat comme on jette aux ordures
    Un enfant son berceau et les grandes promesses
    Il ne reste de lui qu’un temps pour veuves noires
    Puis plus rien quand on fait les honneurs à la guerre
     

    Il a cru au drapeau et qu’on lui doit son sang
    Il a cru qu’il fallait accepter ici-bas
    Son sort et à genoux prier jusqu’au sillon
    Défendre sa terre et le grain en ses mains
     

    Il a écrit des lettres violées par la censure
    A ne pas pouvoir dire sa peur et sa détresse
    Sous le feu la mitraille et l’affront des victoires
    Les voilà détruites au temps à tout défaire
     

    Il est mort le soldat par dix et puis par cent
    Par mille fois en proie aux fureurs du trépas 
    Sous ces immondes croix quand un dieu de pardon
    Tu ne tueras pas, pourquoi la messe aux orphelins
     

    Il est mort le soldat comme tant qui ne furent
    Que vies éphémères, et ma mémoire y reste
    Quand l’époque finit d’en tuer, dérisoire
    Dans ses vide-grenier et ses pauvres affaires
     

    Il est mort le soldat pour rester dépourvu
    Son nom s’effacera après fermer le ban
    Les fils d’ennemis d’hier viendront prendre en photos
    Les coquelicots couleur sang à l’été plein
     

    © Gil DEF. 24.01.2010

     


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  • La femme qui pleure - Picasso

     

    Une femme quelque part prend peur d’un carnage
    Son visage est la honte insupportable au jour
    Elle n’est que douleur d’un cruel désamour
    Et ne sait quel miroir pourrait le maquillage
     

    La femme quelque part pleure sa solitude
    Comme forme recluse qui aurait tout perdu
    Quand la vie lui refuse rien qu’un mot reconnu
    Dont elle avait l’habitude et surtout la certitude
     

    La femme s’abaisse, se méprise de faiblesse
    Elle était et n’est plus, tout son décor déteint
    Corps battu, épuisé, âme noyée, chagrin
    Mais qui n’a pas idée d’un signal de détresse
     

    La femme se défait, s’interdit de se plaindre
    Soumise, dépendante à son amour donné
    Qu’elle prouve encore, mais qu’on a violenté
    Avec absurdité quand il ne veut s’éteindre
     

    La femme se cherche, se parcourt les images
    Qui lui rendraient courage et pourtant tout lui ment
    Rien ne lui soulage le mal sourd du présent
    Le verdict est brutal face à face aux outrages
     

    La femme se juge mais n’a nul tort qui mérite
    Un quelconque supplice et d’être à la merci
    D’un homme empoisonné d’alcool et de jalousie
    Qui détruit tout même tout amour qui résiste
     

    La femme dépérit, qui ne sait ce qui sauve
    Rappelle un amour départi à mourir
    Y a-t-il des moyens qui pourraient convenir
    Pour désintoxiquer l’homme mutant au fauve ?
     

    La femme quelque part sans le savoir m’appelle
    Je n’ai pour elle qu’un premier pas au pardon
    Pour qui ne sait le faire, lui rendant son prénom
    Avant le bon conseil de sortir au soleil
     

    La femme quelque part a besoin coûte que coûte
    D’une aide quand sa vie est capable du pire
    Non, ne la laissez pas subir sans réagir
    C’est la mère, l’amie, à qui l’on doit l’écoute
     

    La femme quelque part que je ne voudrais lasse
    De ce qu’on débarrasse de la vie, de l’amour
    De chaque jour pareil d’un huit clos sans secours>
    Me parle et lui réponds où l’amour a sa place
     

    Oui, sauver juste là où l’amour a sa place
     

    © Gil DEF - 11.06.2010
     


    4 commentaires
  •  

    Allons enfants, marchons, marchons
    Chantons que le temps nous appartient

     

     Depuis plus de cent ans en ce premier de mai
    Revient l'apostrophe des peines ouvrières
    Mal payées de tout temps jusqu'au seuil des misères
    De ces catastrophes suivies d'aucun procès
    Sauf ceux de l'injustice pour nier tout progrès
     

    Du rêve américain au droit simple de vivre
    Chaque jour en trois temps étaient des syndicats
    Des gens anonymes qui voulaient d'autres choix
    Que de l'esclavage des cadences à suivre
    Sans nul avantage de sommeil, d'idées libres
     

    Et ce premier de mai se voulut au printemps
    Une nouvelle ère de l'épine à l'églantine
    Mais il fut donné au drame par la peur assassine
    Des tenants de l'ordre pour ceux qui bougent vraiment
    Qui d'un triangle rouge portaient vie à leur sang
     

    Fut-il sans lendemain cet essor des consciences
    Contre toute cette force appuyée de mépris
    D'incessante menace contre qui ose un cri
    Il aurait pu l'être tant on fit de sentences
    De mort aux enragés pour réduire au silence
     

    Et ce premier de mai on lui fit pire guerre
    A l'établir pour fête au temps des trahisons
    Du travail obligatoire et en déportation
    Terrible paradoxe et ce jour à défaire
    D'un statut de grand deuil et de vaines prières
     

    Depuis plus de cent ans, on nous fait propagande
    De calendriers fixés aux dates des martyrs
    Aux sonneries aux morts au passé à mentir
    Et aussi au commerce à la télécommande
    Du porte-bonheur factice comme on prétend tout vendre
     

    Depuis plus de cent ans, travailler toujours plus
    C'est la triste rengaine du capital dans l'arnaque
    Du temps c'est de l'argent, mais à qui est l'abaque
    Devenue machine à jongler des bonus
    Qui fait verdict brutal de notre âge en malus
     

    Comme il en veut au temps comme à tout ce qui gêne
    Son pouvoir absolu et comme nécessaire
    Toujours prêt à l'arrache d'heures supplémentaires
    Des parents aux enfants dans l'argutie hautaine
    L'usure totale des ressources humaines
     

    Il ne faut rien laisser de ce premier de mai
    Qui soit la mémoire bien vivante et racine
    Au muguet du jardin comme au temps d'imagine
    Ce qu'on fait aisément de bonheur bien concret
    Quand on n'a besoin que d'une pause et de paix
     

    © Gil DEF - 01.05.2010
     


    2 commentaires
  •  

    Tout serait affaire de place
    Un chien passe, mais tête basse
    C’est un homme qu’on débarrasse
    Moi qui ne peux et qui trahis
    Lui qu’on poursuit comme inutile
    Et mon ombre n’est plus tranquille
    Puisque lui est chassé de la ville
    Je perds à la fois deux pays
     

    Cœur ouvert, terre sans frontière
    Pour la raison au nom du frère
    Du ventre sacré de nos mères
    Moi qui ne peux et qu’on punit
    Si j’aide à la cause humaine
    Comme pour un peu de moi-même
    Par lui astreint aux nuits malsaines
    Je perds le sens d’un toit, d’un lit
     

    Voilà un temps pour les méprises
    Les espoirs qu’on tue, la bêtise
    Toutes les places seraient prises
    La chasse à l’homme se fait la nuit
    A l’homme qui cherche un passage
    A l’homme qui n’en a pas l’âge
    A l’homme de l’entier courage
    Le tort est dans l’homme repris
     

    Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
    Pourquoi ceux qui ne sont pas libres ?
     

    Dans les quartiers du centre ville
    Les consciences se font leur style
    Mine de rien, blasé, servile
    Moi qui ne peux et qui subis
    Prends un verre à leurs terrasses
    Il ne se peut nul face à face
    Nulle demande à crier grâce
    Là est leur triste comédie
     

    Welcome à l’affiche qui gêne
    L’opposé jusqu’au mot lui même
    Bienvenue n’est pas un blasphème
    C’est le mot d’accueil à la vie
    Le premier seuil, l’idée première
    Les bras ouverts, l’allure fière
    Le défendu de toute guerre
    La malvenue est tragédie
     

    Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
    Pourquoi ceux qui ne sont pas libres ?
     

    Voilà un temps pour les voyages
    Les touristes bronzés des plages
    En démentis de vies sauvages
    Moi qui ne peux, ceux qui oublient
    Le mensonge qui fait la crise
    Le fonds de cale aux entreprises
    L’enfer aux lieux terres promises
    Quand sont plus d’ennemis que d’amis
     

    Tout serait question numérique
    Rien du cœur pour république
    La cynique en pensée unique
    Attention pour qui contredit
    Pour le pisteur qui suit la trace
    Trois mots Panthéon à leur place
    Et la liberté qu’on embrasse
    Elle est faite pour les bannis
     

    Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
    Pourquoi ceux qui ne sont pas libres ?
     

    © Gil DEF - 25.04.2009
     


    4 commentaires
  •  

    Ne plus écrire après tout, puisqu’au bout ça fait mal
    Le monde, c’est l’ineptie, et le fric qui vous pourrit
    La vie se meurt à bas prix, aujourd’hui en Somalie
    Pour moins d’un dollar par jour, mais où est donc la morale !
     

    Faut-il encore écrire ça, si on n’y peut le combat
    Si on n’y peut qu’une voix, contre qui ne l’entend pas
    Contre ce dehors du contexte, ce vide au cœur qui exclut
    Si je ne peux plus dire là, la vie vaut d’être vécue
     

    Ne plus écrire après tout, puisqu’au bout ça fait mal
    Le monde, c’est l’exposé, et en résumé des guerres
    Des sentiments désarmés, comme on se dit pourtant frères
    Et il n’est pas un seul jour, où l’homme ne soit déloyal
     

    Faut-il encore écrire ça, si on ne peut y crier
    Si on ne peut y changer, contre qui est le guerrier
    Contre qui le suit à se taire, par erreur, pour son malheur
    Si je ne peux que dire là : on fusille un déserteur
     

    Ne plus écrire après tout, puisqu’au bout ça fait mal
    Le monde, c’est tant l’oubli, de ce qui nous fait chaleur
    Lumière en naissant la vie, la transportant en couleurs
    Bagdad jour et nuit meurt sa beauté orientale
     

    Faut-il encore écrire ça, si on ne peut y conter
    Des Shéhérazade par-dessus ces estocades
    Ces soldats, ces attentats, si Bagdad n’est plus, n’est pas
    Si je ne peux que dire là : qui peut changer tant d’endroits ?
     

    Ne plus écrire après tout, puisqu’au bout ça fait mal
    Le monde est au pouvoir sourd, à quelque vote en détour
    Aux électeurs de passage ô combien ils se gourent
    La misère est dans leur cour, en un verdict capital
     

    Faut-il encore écrire ça, si on ne peut y compter
    La révolution du cœur, pour un moins de pauvreté
    Un plus à la charité, pour qui n’a pas un abri,
    Si je ne peux que dire là : de qui se fait-on l’ami ?
     

    Ne plus écrire après tout, puisqu’au bout ça fait mal
    Ceux qui ont, ceux qui n’ont pas, on oppose la balance
    La chance et la malchance, tant de fois, tout en distance
    Où mettre des consciences, quand les masques font le bal
     

    Faut-il encore écrire ça, si on ne peut y rêver
    Aux abords de l’utopie, devenant réalité
    Non pas l’espoir d’un grand soir, mais juste à manger, à boire
    Si je ne peux que dire là : ma plume est loin du comptoir
     

    Ne plus écrire après tout, puisqu’au bout ça fait mal
    Ne plus écrire au dégoût, ce serait la dernière balle
     

    © Gil DEF - 17.11.2008
     


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