• Pourquoi ces larmes soudain qui me viennent
    Quand tu me parles des valses de Vienne ?
    Tu crois peut-être que c'est de la peine
    Non, juste de beaux souvenirs qui me reviennent.

    Ce n'est pas moi
    Qui t'invite pour la première valse
    C'est mon père
    Qui aimait tant la danse
    Ce n'est pas toi
    Qui me réserve toutes les danses
    C'est ma mère
    Qui ne tourne plus sur une valse

    Ce n'est pas moi qui te regarde
    Et te trouve si belle
    Dans ta longue robe de dentelle
    C'est mon père qui la regarde
    Et plonge avec ivresse
    Dans le bleu de ses yeux
    Ce n'est pas toi qui me regarde
    Et te plonge avec tendresse
    Dans le bleu de mes yeux
    C'est ma mère qui le regarde
    Et se demande si elle est belle
    Dans la robe de sa soeur Rachel.

    J'imagine leur première valse.
    Ils ne connaissaient pas Vienne.
    Ils ne sont jamais allés à Vienne.
    Il n'y avait pas de violons.
    C'était la fête de leur village
    Pour les gens de tous les âges
    Elle n'avait pas dix-sept ans
    Lui n'avait pu arrêter le temps
    Et avait perdu quelques printemps
    Elle devait être une enfant sage
    Lui devait l'être bien davantage
    Mais ils se sont moqués des années
    Qui pouvaient les séparer
    Et ils se sont mis à tourner
    A tourner à tourner
    Sur des flots expirés d'accordéon.
    Il n'y avait pas besoin de violons.

    Et chaque année
    Pendant bien des années
    Ils ont tourné et tourné
    A chaque fête du village
    Avec des gens de tous les ages
    Sur des flots expirés d'accordéon
    Il n'y avait jamais eu de violons.

    A chaque premier jour de l'an
    J'imagine qu'ils ont ignoré le temps

    Ils sont arrivés à Vienne.
    J'imagine un grand orchestre et les violons
    Qui jouent rien que pour eux
    Le beau Danube bleu
    Pour les faire tourner et tourner
    Pour l'éternité
    Dans le plus beau bal de Vienne.
    Il n'y a plus d'accordéon.

    © Gil DEF - 26.06.2004
     


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     Sans toi,
    Si loin, si loin
    Et pourtant si là

    Je ne sais pas où vont mes pas
    Mais ils vont toujours vers toi
    Je ne sais pas ce qui dit ma voix
    Mais elle ne parle que de toi
    Je ne sais pas ce que je vois
    Tu es si là, je ne vois que toi

    Sans toi,
    Si loin, si loin
    Et pourtant si là
    Je ne sais pas si le passé est assassin
    Mais avec toi je peux encore rêver à demain
    Je ne sais pas ce que sera mon destin
    Mais je le remercie d'avoir croisé ton chemin
    Je ne sais pas si l'avenir nous sourira
    Tu es si là, je sais que tu m'attends déjà
    Sans toi,
    Si loin, Si loin
    Et pourtant si là

    Tu sais bien ce qu'écrit ma main
    Elle rêve de tenir ta main
    Sur le chemin dont tu ne vois pas la fin
    Dans ton jardin à chaque nouveau matin
    Tu sais bien ce que disent mes poèmes
    Dans chaque silence il y a un je t'aime

    Sans toi,
    Si loin, si loin
    Et pourtant si là

    Je ne sais pas si l'amour fleurira
    Seul le temps le temps le dira
    Mais dans mes bras je te serre déjà
    Seul le temps l'écrira
    Mais je rêve tant d'une première nuit avec toi
    Sans toi,
    Si loin, si loin
    Et pourtant si là
    Tu es en moi

    © Gil DEF. 22.01.2005



     


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    En bleu, en vert, en sang et or

    Veux-tu connaître mon pays ?
    C'est au nord, tout en haut, ici

    Je sais, on dit qu'au nord le ciel est gris
    Que le plat pays se perd sous la pluie
    Que les canaux se meurent d'ennui
    Mais vois comme la plaine tremble le blé
    Quand le vent mûrit au sud en été
    Viens chez moi, mon pays va chanter

    Je sais, on dit qu'au nord c'est noir charbon
    Zola a pleuré la misère dans les corons
    Germinal a écrit et filmé les gueules noires
    Mais viens voir les terrils changer leur histoire
    En sang et or des ailes à Lens y décollent
    Ecoute Renaud rimer des drôles de paroles

    Je sais, on dit qu'au nord c'est le brouillard
    Qui noie les marais et les quais de gare
    Et cache souvent les côtes d'Angleterre
    On prend le tunnel si tu as le mal de mer
    Mais je préfère un car-ferry par temps clair
    On part de Calais on part en croisière

    Je sais, on dit aussi que la mer du Nord
    En tempête hurle dans le détroit trop fort
    Pourtant tu sais le vent est un vrai trésor
    Fait rire les enfants avec des cerfs volants
    Regarde voguer toutes les voiles du présent
    Et tourner les ailes d'un nouveau temps

    Je sais que le nord n'a pas de montagnes
    Mon horizon t'offre la mer et la campagne
    De beaux clochers en mâts de cocagne
    Et les Deux-Caps qui respirent le grand air
    Sur des sentiers qui parlent en bleu en vert
    Et retrouvent l'amitié avec des fruits de mer

    Je sais, on dit qu'au nord les villes figent le temps
    Un passé trop lourd pèse sur le présent
    Tu sais les vieilles pierres sont la fierté des gens
    Les citadelles ont résisté à tant de tourments
    Le nord est bien vivant et Boulogne te surprend
    Avec un cheval blanc et les trésors des océans

    Je sais, on dit que les routes vont en enfer

    Sur des pavés qui reviennent d'avant-guerre
    Entre Paris et Roubaix on ira une année
    Toucher la légende qui voit des forçats pleurer
    On applaudira ces champions qui en plein effort
    Au carrefour de l'arbre veulent triompher du sort

    Veux-tu connaître mon pays ?
    C'est mon nord, tout en haut, ici

    Je sais, on dit que les gens du nord
    N'ont pas souvent le soleil dehors
    Mais ils l'ont toujours dans le coeur
    Et le public rappelle le chanteur
    Sens tu tous ces parfums de fleurs
    De ces jardins qui ont semé le bonheur
    Je sais, on dit que les filles sont plus jolies
    Sous les caresses du soleil du Midi
    Mais au pays toutes les filles au printemps
    Sourient comme Isabelle au prince charmant
    Elles sont si belles un samedi pour se marier
    En dentelle de Calais, je veux te voir danser

    Je sais, on dit qu'au nord les années sont grises
    Et que le dur labeur n'aime pas les surprises
    J'ai déjà mis des croix sur notre calendrier
    Des 14 juillet plusieurs fois dans l'année
    Une plage de sable fin des moules frites en été
    Une braderie des manèges une ducasse en juin
    D'autres dates viendront écrire nos demains

    Je sais, on dit qu'au nord le rire n'est pas roi
    Surtout en hiver avec le vent de noroit
    Alors au carnaval chez Jean Bart tu seras avec moi
    Dans le chahut je t'assure tu n'auras pas froid
    La bière coulera en patois tu ne comprendras pas
    Dans la bande tu riras et personne ne te reconnaîtra

    Je sais, on dit qu'au nord la fête est triste
    Depuis que le grand Jacques a quitté la piste
    Et aussi Raoul après leur dernier salut d'artiste
    Mais le pays des géants invite l'accordéoniste
    A respirer encore et plus fort encore
    Sur toutes les musiques sur tous les accords

    Viens vite, je t'invite dans mon nord
    Je garderai pour toi tous ces trésors
    En bleu, en vert, en sang et or
    Je t'attends dans mon nord
    Je t'offrirai mon nord
    Tout là haut, chez moi
    Tout en joie, pour toi
    Pour toi
     
     

    © Gil DEF - 14.02.2005
     


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    Il n'y avait plus personne sur la plage
    La chambre était au premier étage
    Quand la porte s'est refermée
    Il s'est doucement avancé
    Elle n'osait pas bouger
    Il a caressé tendrement son visage
    Elle ne pouvait plus rester sage
    Il a ouvert lentement son corsage
    Elle a fermé les yeux
    Il avait sur ses lèvres
    La plus brûlante des fièvres
    Elle s'est serrée contre lui
    Elle sentait son envie
    Il ne pouvait cacher ses désirs
    Elle voulait sans plus attendre s'offrir
    Ils se sont regardés un instant
    Et ils se sont embrassés longuement
    Ils se sont enlacés et caressés
    Sur le lit ils se sont allongés
    Ils ont découvert leurs corps
    Ils se sont caressés encore
    Encore et encore
    Ils ont osé bien des chemins
    Et elle s'est abandonnée enfin
    Il a pénétré dans son jardin
    Elle a soupiré elle a crié
    Il a gémi il a glorifié
    Toutes les vagues de ses désirs
    jusqu'aux confins du plaisir
    Ils ont respiré très fort
    Encore et encore
    L'étreinte de leur corps
    A duré duré jusqu'à la petite mort
    Et dans un dernier effort
    Ils ont
    exulté encore
    Encore Elle ne voulait plus quitter son corps
    Il avait atteint la montagne d'or
    Ils sont restés corps dans corps
    Jusqu'à l'aurore

    Hôtel de l'été
    Au premier étage
    Les volets sont restés fermés
    Ils ne sont pas allés sur la plage


    © Gil DEF. 26.10.2004
     


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    Heureux sera celui qui fera le voyage
    Sur l'océan qui écrit tous les présages
    Et vers la terre qui attend sur la plage
    Comme le premier navigateur
    Etranger à toutes les peurs
    Au chant des sirènes du malheur
    Suivant le ciel des étoiles sans fin
    Pour accomplir enfin son destin
    Et trouver ton continent un matin
    Il prendra l'unique chemin pour unir enfin
    Les lignes des lendemains de deux mains

    Heureux sera celui qui fera le voyage
    Vers le bleu de ton ciel sans nuages
    Et ta tendresse sur l'autre rivage
    Sous l'aile de l'oiseau blanc
    Dans un nid tranquille reposant
    A l'abri des oublis du temps
    Pour trouver enfin le printemps
    Suspendre chaque instant
    Et planer le futur en présent
    Il caressera ton visage en sourire
    Et deviendra l'éternel oiseau-lyre

    Heureux sera celui qui fera le voyage
    Vers l'île de tes rêves de coquillages
    Et vers tes plus beaux paysages
    Comme le héros d'un autre temps
    Naufragé des caprices de l'océan
    Echouant au soleil couchant
    Sur une terre sans tourments
    Et qui s'abandonne pour longtemps
    Au délicieux nectar du désir des amants
    Il goûtera au sortilège de tes lèvres
    Touchant à l'immortel de ta douce fièvre

    Heureux sera celui qui fera le voyage
    Vers le jour qui n'a peur de l'orage
    Et vers la nuit qui danse en images
    Avec les accords d'un danseur
    Qui tangue pendant des heures
    S'enivrant de pas de bonheur
    Sur un bandonéon rêvant la fraîcheur
    Dans caminito en couleur
    Il parfumera les lignes de ton corps
    Et sera tango en à corps encore

    Heureux sera celui qui fera le voyage
    Suivant l'écho qui envoie des messages
    Et qui soupire chaque jour davantage
    Il dira des mots toujours plus hauts
    Tu eres mi cielo te amo te amo
    Avec tes mots si beaux en écho
    Todo sos todo te quiero te quiero
    Et des poèmes et des je t'aime je t'aime
    Et ton prénom à la fréquence de son coeur
    Et ton adresse au métronome du bonheur
    Il part déjà et le printemps fleurira

    Heureux sera celui qui fera le voyage
    Heureux sera le jour de l'océan en paysage
    D'un seul rivage d'un seul destin en partage
    Heureux sera ce jour, je t'aime mon amour
     

    © Gil Def. 28.03.2005
     


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