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Octobre est à sa fin, bien de choses en moins
Dans les rues, les jardins, moins de jours, de discours,
Comme on pourrait y voir la crainte au non retour
Où sont donc les amours à deux voix, quatre mains ?
Octobre est ciel déteint, et pluie comme on s’en plaint
Il cherche mais en vain un chant, l’oiseau est sourd
On a rentré les grains, l’automne est dans les cours
Tas de feuilles mortes à ramasser demain
Je ne peux pour autant accabler sa balance
Entre ce qui veut vivre et ce qui peut mourir
Ce n’est pas la meilleure et ce n’est pas la pire
Je pourrais même le retenir contre novembre
Les chrysanthèmes, le gel qui prend les membres
Et pour tant son début, comme il fit ma naissance
© Gil DEF. 31.12.2008
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Les brumes chez moi pèsent aux matins
De ces jours lointains d’un novembre de froid
D’un grand désarroi, et je me souviens
Se blesse la main d’une rose d’effroi
Oublie-ça mon père, ce jour n’était pas
Digne d’une loi, sourd à ces prières
De ces cœurs ouverts aux pleurs d’ici-bas
Perdant la foi, cédant aux vaines colères
Maudire, pleurer, ne servirait plus à rien
Tout ce temps passé ne se compte pas
Aujourd’hui mon ciel n’a plus de chagrin
La vie a repris ses combats, et n’oublie pas
Souris-moi mon père de ces mots pour toi
Ce que je te dois tu sais j’en suis fier
Je ne sais que faire sans trouver la voix
A manquer de joie mais pourtant c’est nécessaire
Je n’ai jamais été loin de toi, et ce lien
S’est renforcé de la conscience du parfois
Du manque, et de la permanence du bien
D’un guide pour tous mes pas en lequel je crois
Montre-moi mon père ces gestes d’autrefois
Le semis de ta main à ces printemps offerts
Quand la terre craque et quand on aperçoit
Les promesses des récoltes avant l’hiver
Si j’ai appris du temps, du comment, du pourquoi
Je suis toujours enfant, ingrat sur ce chemin
De la vie quand elle reçoit plus qu’elle ne doit
Mais qui a grandi à hériter de tes mains
Parle-moi, je promets de me taire cette fois
J’entendrai le sens que tu donnes aux prières
Humbles du vrai merci pour un simple toit
Adressées à qui entend ta foi particulière
Chante-moi, mon père, c’était toi le poète
Ce que tu n’as pas dit, c’est moi qui vais l’écrire
Dans la joie de ma dette, et dans le désir d’être
Cette surprise qui vient enfin nous réunir
© Gil DEF - 10.11.2007
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1941, un 22 octobre
Quatre à Paris
Dix sept à Nantes
Et vingt sept à Chateaubriant
Parmi des centaines d'internés, déjà
Parmi ma France occupée, outragée
Jusqu'en ses bras, ses pas et sa voix
Affamée, et qu'on voudrait résignée
Diffamée, parce que condamnée de droits communs
Quand c'est par des lois d'exception
D'abandon, de collaboration, entendez trahison
Quand on enfermait au nom de soupçons, des opinions
Derrière des murs, des barbelés
En nouvelles prisons, en camps de consternation
Quand le vol, le viol, de tout corps attaché à la vie
Est institué, permis
Et toute résistance punie
Quand toute propagande dit
Le prix à payer à l'ennemi
Des fronts soumis
Ma France meurtrie, asserviePendant ce temps, à Vichy, on ment
Il est un Etat résigné, planqué, indigne
On se vend et et par ailleurs on se signe
De nouvelle chrétienté et par serment
Assignée aux dieux fous et aux croix gammées
Qu'ils n'attendent pas l'oubli
Ces faits infamants à France
Passée à l'ennemi, faux trophée de revanche
Il ne se peut le nom de France
En ce rôle servile à la mort contre toute branche
1941, un 22 octobre
Quatre à Paris
Dix sept à Nantes
Et vingt sept à Chateaubriant
Parmi des centaines d'excommuniés, d'expatriés
Tant de rejets comme mauvais Français exposés
Quand commence l'impitoyable tri
Des coupables de rien, sauf de leur vie
De leurs naissances, de leurs adresses
Et de leur pouvoir de jeunesse
L'ennemi puni, attaqué pour de bon
Se fait bête enragée et terrible enchère
Et prononce 50 fois la loi du talion
En 50 noms, 50 otages, épouvantable nom
A 50 misères de tombeaux, à 50 mères
Et que pouvait-on y faire, contre tant d'interdits
Contre la pourriture qui est dans le fruit
Contre ce qu'on croyait voisin, frère et qui trahit
Les poings, les mains des otages ne purent suffire
Leur courage, seul, ferait face au temps martyre
Pendant ce temps, à Vichy, on s'absout
L'Etat immoral s'en fout, les pieds et les mains dans la boue
Et en cure de dignité, travail, famille et patrie
Qu'ils n'attendent pas notre oubli
Ces faits infamants à France
Sous le joug impuissant
Ils ne se peuvent les noms de France
De patrie et de mère
Par des fusils contre ses enfants
1941, un 22 octobre
Ils seront fusillés en ce jour
Quatre à Paris
Dix sept à Nantes
Et vingt sept à Chateaubriant
A seize heures par trois salves de crimes
Et bien plus pour achever ces victimes
Pour ceux qui portaient espoir
Contre un deuil sous des cieux de corbeaux noirs
Il n'y aurait pour eux aucun respect, aucun culte
Au contraire, on leur ferait plus d'insultes
D'acceptation de leur sort, de ce qu'on retranche
De la vérité, et à ceux qui entraient dans l'histoire
Si on sauva leurs lettres de la dernière heure
Et leurs phrases simples sur des planches
Ce fut peu, et ne suffit à chacune de leur vie
Ce fut beaucoup, pour qu'on ne puisse l'oubli
Contre tout historien déficient de mémoire
Détaillant sur des affaires sans rapport, dérisoires
C'est sans bandeau aux yeux qu'il nous faut y voir
Pendant ce temps, à Vichy, on se fit
Un Etat soldé de vieillesse, de honte et de mépris
Par ce qu'il acceptait, devançait, faisait et cachait
Qu'ils n'attendent pas l'oubli
Ces décrets meurtriers, étrangers à l'asile, à France
Ces rafles, ces concentrations de la haine, et au-delà
Il ne se peut le nom de France
Dans ces solutions de morts qu'on n'imagine pas
1941, un 22 octobre
Je m'en viens le rappeler
Quatre fois à Paris
Dix-sept à Nantes
Et vingt sept à Chateaubriant
La France, on l'a tant fusillée
Son plus jeune avait dix-sept ans
Il ne se peut le nom de France
Que par la rose et le réséda
Et par la jeunesse qui y vivra
© Gil DEF. 22.10.2008
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Comme on se découvre en des clairs de lunes rondes
De rêves sans paraître en mises en scène
Comme en apesanteur, dans des sphères lointaines
Jouant tels violons les vibrations des ondes
Tout un ciel et s’ouvre l’âme à pensée d’étoiles
En un temps irréel, milliards d’années-lumière
Dispersées, et passé, et futur, on s’y perd
On cherche un repère là-haut est notre bal
Sur cette voie lactée, on se fait des réseaux
Des raisons à connaître les grandes constellations
Et des vaisseaux nouveaux par l’imagination
On invente des mots à croire qu’il en faut
Pour tant ce spectacle, à valeur de miracle
A combler l’ignorance jusqu’à la récompense
En cette immense danse à jeux d’incandescence
En des nuits, mélodies à candeurs des oracles
Longue est l’entrevue en ces rêves des âges
Qui font et qui refont la genèse du monde
Et l’homme en sa quête, en fils de lune, sonde
En sa belle apparence l’espace des voyages
Et heureux il se peut, échappé à son temps
Comme il se voit d’un vœu se sauver une étoile
S’oublier pour un peu être paradoxal
A ouvrir puis fermer des portes à l’enfant
Combien on est souvent un meilleur astronome
En ces moments d’écoute à tant l’immensité
A tant de quantités à tant de qualité
Rêvant d’éternité, pour y supporter l’homme
© Gil DEF. 20.10.2008
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Winslow Hom - Clair de lune
Dans la nuit profonde la lune est bien ronde
La ville endormie et sans aucun bruit
Ma plume s'inonde à chaque seconde
D'un songe inouï Pierrot s'assoupit
Le rêve commence sans son apparence
Pierrot est surpris ses yeux ébahis
Avec innocence il croit à la chance
Il est ébloui une belle lui sourit
Témoin de ce rêve de peur qu'il s'achève
Le temps par magie se teinte d'infini
Trouvant la nuit brève il fait une trêve
La lune remercie ce nouvel ami
De la belle qui danse c'est une évidence
Pierrot est épris à offrir sa vie
Il est sans défense sans mots par malchance
La belle n'a rien dit son coeur bat aussi
Sans une méprise la belle est conquise
Pierrot l'attendrit de ses gestes jolis
Il invente la brise la fleur par surprise
Offerte au non dit la belle a compris
Emue des promesses de tant de tendresse
La belle a choisi son coeur lui a dit
La voix qui caresse et jamais ne blesse
Le baiser promis au bout de la nuit
Pierrot à son tour lui fait son discours
Des gestes jamais dits enfin il décrit
La lune par amour qui éveille le jour
Et l'espoir fleuri de deux coeurs unis
Au bout de ce rêve la belle tend ses lèvres
Plus rien n'interdit le baiser promis
Pierrot a la fièvre mais la nuit s'achève
La lune a pali la belle est partie
Pierrot éveillé a failli pleurer
Une belle lui sourit il a tout compris
Il voudrait parler mais trouver un baiser
Le baiser promis sorti de la nuit
© Gil DEF. 13.02.2006
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