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Monologue du qui vivra verra
Qui vivra verra, et toi, petit, tu ne sais pas …
Et toi, petit, tu ne sais pas
D’où le vent vient, où le vent veut aller, ce que le vent retient
Qui vivra verra, et toi, petit, tu ne sais pas …
Sais-tu au moins ce que le vent ramène de là-bas ?
Es-tu encore à l’âge qui ne l’entend pas ?
Que peux-tu retenir au creux de ta main ?
Qui vivra verra
Je ne sais pas
Si je dois t’initier à ce qui pleure à jamais en moi,
A ce que je sais malgré moi
Et si je le faisais
Il faudrait d’avance que tu aies le pouvoir de pardonner
Puisque personne n’a jamais les mots qu’il faut
Puisque les mots sont bien moins que le roseau, l’oiseau, et l’eau
Ce sont des rideaux de fumée, des échos perdus à peine renvoyés
Trop souvent ils ne servent à rien, moins utiles que les girouettes
Les épouvantails, les éventails, les pensées dans la tête
La fermeture, l’ouverture des portes et des fenêtres
Ta vérité est intérieure, une voix forte et pourtant muette
Quand les mots font d’étranges langages comme on gesticule
Avec leurs accents comme on les met sur des virgules
Finalement celui qui entend et qui voit
Est à hauteur de l’homme pendule, de l’homme funambule
C’est un, deux, trois pas, puis et cetera
L’ici-bas et l’au-delà …
Qui vivra verra et toi, petit, tu ne sais pas …
Et toi, petit, tu ne sais pas
N’est-il pas mieux que je te laisse à l’âge des innocents ?
Qui vivra verra, et toi, petit, tu ne sais pas …
N’est-il pas trop tôt pour t’apprendre combien on ment
Combien on dépend du rapport au temps,
Nous sommes comme poussière au vent finalement
Qui vivra verra
Je ne sais pas
Si je dois t’initier à ce qui pleure à jamais en moi
A ce que je sais malgré moi
Et si je le faisais
Il faudrait d’évidence que tu aies le pouvoir d’imaginer
Puisque personne n’a jamais les images qu’il faut
Puisque le monde est loin, plus loin que les rêves des bateaux
Beau, plus beau, car il va t’étonner, te donner à l’admirer
Triste, plus triste, parce que trop tôt vient le sens de l’adieu
Il te faudra traverser l’âge, penser la cendre et le feu
Ecrire des pages et des pages si tu te prêtes des vœux
A suivre la légende qui demande à la fin l’homme heureux
Quand on connaît l’arbre et la sève,
Quatre feuilles d’un trèfle et le bleu à la lèvre
Finalement celui qui entend et qui voit
Se souvient : le maître et l’élève, quand le jour se lève
C’est une, deux, trois, quatre fois puis et cetera
L’ici-bas et l’au-delà …
Qui vivra verra et toi, petit, tu ne sais pas …
Et toi, petit, tu ne sais pas
N’est-il pas mieux que tu me voies encore plein d’entrain ?
Qui vivra verra et toi, petit, tu ne sais pas …
Est-il temps de te parler de ce qui fait la peine et le chagrin ?
Quand jamais ne reviennent les trains
Quand l’enfant ne trouve plus le sein, ne mange pas à sa faim,
Quand tout se compte en moins, en regards éteints
Je ne sais pas
Si je dois t’initier à ce qui pleure à jamais en moi
A ce que je sais malgré moi
Et si je le faisais
Il faudrait par chance que tu aies le pouvoir d’espérer
Parce que personne n’a jamais le courage qu’il faut
Pour affronter l’homme qui est encore son bourreau
La mise à mort des amours, la cruelle identité
Ce qu’on peut craindre ne devrait plus nous atteindre
Il ne faut s’en accuser que si quelqu’un peut s’en plaindre,
Si on est passif, sans faire l’effort pour se joindre
A qui fait la liste des tableaux à repeindre
A qui résiste comme par cœur, par l’élan de l’artiste
De trace en trace, dans l’espace optimiste
Finalement celui qui entend et qui voit
Est celui qui est un manifeste du clan utopiste
C’est un, deux, trois combats puis et cetera
L’ici-bas et l’au-delà …
Qui vivra verra et toi, petit, tu ne sais pas …
Et toi, petit, tu ne sais pas
Je suis vieux, mais je crois avoir mérité mes rides
Qui vivra verra et toi, petit, tu ne sais pas …
Puisque tu vas partir tu me feras le grand vide
Tu ne sais pas les frontières, les périls qui coïncident
Avec la bête de somme sous la bride, avec l’homme apatride
Avec les terres étrangères, quand on n’a plus de guide
Je ne sais pas
Si je dois t’initier à ce qui pleure à jamais en moi
A ce que je sais malgré moi
Et si je le faisais
Il faudrait cette science qui te fait le devoir de rien oublier
Puisque personne n’a jamais su l’âge qu’il faut
Pour admettre, pour oser transmettre les échos
Peux-tu entendre le vent qui dit combien de mères ont prié
Te dirais-je que tant de frères ont du et doivent souffrir
Avant que tu nous laisses ici toujours plus à mentir
Tu cherches où est ta place, un tant soit peu d’avenir
Notre terre lasse, notre tête basse, te font fuir
Mais où est ton rendez vous ? Est-il si loin de chez nous ?
Te dirais-je l’ailleurs est en nous sans que tu me croies fou ?
Finalement celui qui entend et qui voit
Mesure le sable entre ses doigts, l’amplitude du grand tout,
C’est une, deux, trois, quatre voix puis et cetera
L’ici-bas et l’au-delà …
Qui vivra verra, et toi, petit, qui ne sait pas…
Finalement, je ne dirais rien de tout ça
Pourvu que tu promettes que tu reviendras …
© Gil DEF - 27.04.2009
Tags : enfant, espoir, monologue, etc
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Commentaires
Monologue ... - R
Fée Je suis vraiment très touché de ton commentaire ... J'ai l'impression d'avoir fait quelques progrès ces derniers temps dans ce que je veux dire ... et tes larmes de lectrice sont à moi la plus belle récompense qui soit et je l'ai recueillie comme précieuse en te renvoyant mille mercis. Bises. GilMonologue du qui vivra verra
Un texte boulversant, si fort en émotions, ça vous prend aux tripes... Les larmes viennent aux yeux... Une compréhension évidente des rapports humains. Un texte à mettre entre toutes les mains. Bises. Marie-IsabelleMonologue ... - R
Marie-Isabelle Tu devines sans doute ô combien ton commentaire me touche sur ce texte qui je ne sais pas s'il est de la poésie. Mais qu'importent les classements et les étiquettes si le lecteur, la lectrice sont touchés par le message. Bises. Gil
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Ma dernière lecture du soir et ... suis en larmes ... Gil , je ne sais pas , ce que j'ai vraiment compris de ce texte , je sais juste que j'ai ressenti beaucoup d'émotions en le lisant ... Bonne nuit à bientôt