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A toi, mon père
L’absence est triste de ce temps qui a passé
Du souvenir de ce qu’on voudrait retenir
C’est la place vide et si lasse d’en souffrir
Autour d’une table, la chaise délaissée
L’absence est triste à ne pas pouvoir la maudire
Et elle peuple comme elle peut ce qu’il reste
Ce sont des mots familiers et de simples gestes
Parlant aux silences de saisons à venir
L’absence est triste d’une larme de regrets
En prenant un café en parlant du jardin
Si les allées ont fleuri ce sont par ses mains
Qui honoraient les haies et les fleurs en bouquets
L’absence est triste au retour des rouges cerises
Au velours du raisin et quand l’oiseau moqueur
Nous revient sans mémoire des petits bonheurs
Il ne pleure vraiment que par notre entremise
L’absence est triste de jours du calendrier
D’une naissance, du jour de sourires peu sages
Sur des lettres brodées, la nappe de mariage
Au nouvel an, des enfants ne pouvant oublier
L’absence est triste dans une valse viennoise
Un chant tyrolien dans les mots d’un grand pardon
Les sabots d’un cheval traçant bien son sillon
Dans les temps mûrs des groseilles, des framboises
L’absence est triste, si lente, intense et pesante
Dans le désordre de nos vies par ce grand vide
Cette présence forte jusque dans nos rides
Aujourd’hui transmises à nos heures sonnantes
© Gil DEF - 16.10.2007
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Leurs mots passant, chantant, discourant dans le pré vert
Epaulent fort les espoirs des cœurs mal armés
Si beaux de l’air du temps, de triolets, de clés
Brèves, syncopées de vie en son et lumière
Et à la fontaine où on boit l’eau des vers
Assoiffé et ému c’est là qu’on revit l’ondée
Un jour qui déborde de sève, d’eau imagée
Xylophone d’airain beau à charmer les enfers
Pardonnez parfois leur art à gondole fourbue
On sera clément pour le courroux sot la bévue
Et si les travers les nœuds l’amarrent aux thèmes
Tel l’oiseau qui vole tergiverse, sans proie,
Et de ronds s’arme, le poète est en carême
Sa main d’effets s’agrippe à l’aube ignée, sans droit
© Gil DEF. 22.06.2007
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Guerre, guerre ...
Toujours la guerre ...
C'est toujours nécessaire ...
Toujours la der des ders
Mais … immensément, infiniment …
Mais… tragiquement …
Un père ... Un frère ...
Ô Pardon … Pardon à tout amour en deuil de mère ...
Prières …
Prières à jamais la brisure, la déchirure
Prières de désert, de silence obscur
Suppliques de paix à personne
Quand profitent de la guerre les planqués de l’arrière
Mais … le temps de lierre recouvre la terre
Mais … quel double passif au temps d’oubli collectif
Lettres jaunies bien pliées au fond de vieux tiroirs
Plaques froides fracassées effacées de nos mémoires
Lignes de vie brisées, pleurs, cris, boue du désespoir
Croix alignées ... profanées des encres noires
Portraits sans gloire ... ombres sans visage ...
Pourtant …
Un seul ciel !
© Gil DEF - 11.11.2004
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Le nouveau siècle tient du siècle précédent
Des discours obligés aux monuments aux morts
Des personnalités, un maire, ouvrez le ban
Des accents affligés ils sont tombés nos enfants
Il y a de moins en moins d’anciens combattants
Plus de témoins, pour eux, la sonnerie aux morts
L’hymne, et puis j’entends ces murmures qui ont tort
Près de cent ans, faut-il en parler encore ?
On sait, la paix est un trésor, fermez le ban
L’oubli de l’innommable n’est pas charitable
Je dis dangereux les chemins de l’insouciance
Après des terribles épreuves qu’on voudrait finies
Lointaines, après des malheurs et des souffrances
Que ne peut imaginer l’esprit sans ces références
A l’histoire qui peut juger de notre chance
D’aujourd’hui, il a tant fallu payer le prix
Pour l’idiotie qui invente des féroces ennemis
Pour l’envie de se traiter en nouveaux amis
Longtemps après, les temps des « morts pour la France »
De l’oubli de l’innommable, je suis incapable
Ma mémoire retient Vimy, Lorette, l’Artois
Ma mémoire tient par la blancheur de tant de croix
Alignées dans des cimetières, en terre étrangère
Souviens-toi dans la Somme, en Lorraine… Des pères,
Des frères, des maris, des fiancés, que l’on trompa
Qu’on envoya là-bas, au front, en des endroits
Qu’on raya des cartes, les léguant à l’enfer
Où sabrent le feu, le fer, où meurt la prière
Où on réclame sa mère pour seule foi
De l’oubli de l’innommable, je serai coupable
Je sais combien on les dupa, on les trompa
On les trompa avant, bien avant le combat
Ils accusèrent Dreyfus, ils tuèrent Jaurès,
L’union sacrée contre la voix de la sagesse
Et se tut la dernière voix qui ne voulait pas
De la guerre en devoir, de la mort pour la gloire
Quelques semaines et on fêterait la victoire
On les trompa avant, pour des gloires dérisoires
On mobilisa, on les déguisa en soldats
L’oubli de l’innommable, il est impensable
Je sais combien on les trompa pendant les combats,
On les fit souffrir comme on n’imagine pas,
A coups de mensonges, jusqu’au bout de leurs forces
On les transforma en bêtes ivres et féroces
On les humilia de leurs peurs, au milieu des rats,
Partout où la mort fait sa loi, on fusilla
Ces mutins indignes par l’accusation fausse
De trahison, ceux qui refusaient l’atroce
Le rôle d’assassins jusqu’au bord de la fosse
L’oubli de l’innommable, serait condamnable
Je sais combien on les trompa après cette guerre
Pour cacher les origines et les causes coupables
D’un tel carnage ; on jura de la der des der
Aux mutilés, aux gueules cassées, de l’impensable
De nouveaux supplices, de nouveaux sacrifices
Mais il n’y eut pas de véritable armistice
Ni vainqueurs, ni vaincus, toujours des cauchemars
Des camarades inconnus criant sur des brancards
Des veuves, des orphelins, martyrs du hasard
L’oubli de l’innommable, serait méprisable
Je sais désormais ce que sont mes vrais héros
Hier, ils n’étaient pas généraux, ils étaient les poilus
Des vies, des illusions perdues avant l’assaut
Un grand-père, des inconnus, des disparus
Des mutins, et des souhaits qu’on fraternise
C’est possible aujourd’hui, que chacun se le dise,
Par l’entreprise du conscient et du durable
De la paix, nous sommes tous les comptables
De l’avenir, nous sommes tous responsables
© Gil DEF - 09.11.2007
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J’attends l’étoile
Depuis si longtemps, si longtemps
Elle viendra, viendra
J’attends l’étoile
Mon cœur bat
Elle viendra, viendra
J’ai fait pour ça tant de pas
Depuis si longtemps, si longtemps
Elle est si loin, si loin, mais elle viendra
J’attends l’étoile
Si belle diva
Pourvu que ce soir elle soit là
J’ai si peur, si peur
Je ne sais d’où elle viendra
Elle viendra, viendra
Et pourtant elle sera si loin de moi
J’attends, j’attends l’étoile
Je suis à l’opéra
J’entends déjà, j’entends sa voix
Elle viendra
Mes tempes résonnent, ma peur s’en va
C’est l’ouverture, la Scala
Elle est là
Elle est là
Chante Maria, chante Maria
Ma belle étoile
J’aime tant que tu chantes pour moi
Rien que pour moi
Je suis fou de penser ça
Mais chante encore, ma belle étoile
J’envole ta voix
J’oublie tout, je ne suis plus à l’opéra
Aux cieux déjà
Je t’attendais belle étoile
Et tu es là
Pour toujours cette fois
Chante Maria, chante, chante …
© Gil DEF. 07.08.2006
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