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Le chemin des deux croix
Sa robe lègère jouait au vent
L'été chantait tous les instants
Et oubliait tous les tourments
Elle avait à peine seize ans
Il n'avait pas encore vingt ans
Elle était belle de son regard
D'azur si clair d'éther si rare
Elle était belle de son sourire
Qui regardait le blé mûrir
Elle était belle avec ses mots
Qui caressaient les coquelicots
Elle était belle avec ses pas
Qui la suivaient si maladroits
Elle l'écoutait et il parlait
Elle souriait et il parlait
Il se voyait déjà maçon
Il bâtirait une belle maison
Auraient une fille et deux garçons
Ils se marieraient au village
Et ils feraient un beau voyage
Il l'emmènerait au prochain bal
Quand tout serait enfin normal
Elle riait il la regardait
Dans le bois ils ne parlaient plus
Et un oiseau chantait sans être vu
Un chemin avait uni leurs mains
Un baiser a surpris le matin
Elle pleura quoi de plus normal
Ils ont gravé deux initiales
Traçant deux fois la même lettre
Dans le tronc d'un vieux hêtre
Elle souriait il la regardait
Un chèvrefeuille s'abandonnait
Un baiser affola l'oiseau
Qui alla se poser plus haut
Elle mit sa tête sur son épaule
Il envola des idées folles
Il irait demander sa main
Sans attendre, dès le lendemain
Il achèterait un anneau d'or
Contre lui elle se serra très fort
A la croisée des trois chemins
Ils n'ont pas choisi leur destin
Sa main ne quittait pas sa main
Quand le chemin est sorti du bois
Le fusil d'un soldat était là...
...
Un matin on les retrouva
Les soldats n'étaient plus là
A cet endroit on a mis deux croix
C'était en août en quarante quatre
Et on continuait de se battre
...
Et je suis là dans un autre temps
Sur le chemin qui hurle au vent
Des cris, en larmes de pluie, des cris
Que leurs deux prénoms ont écrit
Et qui jamais ne trouvent l'oubli
Dans la mémoire de mon pauvre coeur
Qui saigne toujours pour leurs deux coeurs© Gil DEF. 06.03.2005
Tags : coeur, guerre, chemin
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Commentaires
Poème poignant mais bien réel. J'ai aimé sa lecture. Amitiés