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    Il est une heure du matin, la chouette chuinte
    Un hibou hulule, on entend une belle complainte

    Je serai mieux avec les copains à boire une pinte
    Pour parler de la Vénus de Millau ou du viaduc de Milo
    Qu'est-ce que vous croyez ? On se cultive dans mon bistrot
    On n'écoute même que de la musique classique
    La chevauchée des vaches qui rient; ça c'est romantique
    Et le beau vélo de Javel ; je vois vous êtes sceptique

    Au fait il faudrait que je programme le sèche-linge

    C'est fait ! Maintenant faut que je me creuse les méninges
    Jouer avec des mots et rimes à une heure du matin
    Pour faire rire les amis d'hier avec un poème taquin
    On m'a laissé un blanc-seing; on me prend pour un saint ?
    Mais où est le mot imposé ? Je l'évite à dessein ?

    Il est deux heures du matin, la chouette chuinte, chuinte
    Le hibou hulule plus fort, on entend comme une plainte

    Je vais enlever mes chaussures, je devrais aérer mon cor
    Mais non ! Je ne suis pas chasseur je ne vois pas le rapport
    Je ne voudrais pas faire pleurer le gentil marcassin
    Surtout depuis que j'en ai vu un dans un bois messin
    Je ne suis jamais allé à ? En êtes-vous certain ?

    Au fait il faudrait que j'arrête le sèche linge

    C'est fait ! Je bois un bon thé parfum fraise des bois
    Tiens justement, c'est dans le bois messin, ce jour là,
    Quand je savourais ces fruits-là,
    Que j'ai vu ce petit marcassin qui passait par là
    Il était aux abois mais il n'a eu peur de moi

    Trois heures du matin, la chouette chuinte, chuinte, chuinte
    Le hibou hulule encore, moi, je vais porter plainte

    Au fait il faudrait que je vide le sèche linge

    Zut ! Une énorme fuite ! Plein d'eau dans la buanderie
    Faut dire que le sèche-linge a déjà beaucoup servi !
    J'en étais où déjà ? Le marcassin était perdu et il me dit
    Qu'il avait rencontré une oursonne qui cherchait un essaim
    Une oursonne ? Elle arriva, elle n'était pas loin

    Quatre heures du matin, la chouette ne chuinte plus
    Le hibou n'hulule plus, le sèche-linge est fichu

    Le marcassin vit ma surprise, mais non, pas de méprise,
    Des ours avaient bien élu domicile dans la forêt voisine
    Vous ne me croyez pas ? Je confirme, ils l'ont dit à la télé
    Je peux continuer ? J'en perds le fil de mes idées
    Je voudrais pouvoir terminer et aller vite me coucher

    Au fait pour le sèche-linge Il faudra le remplacer
    Colmater la fuite ? Ca ne coûte rien d'essayer

    Cinq heures du matin, la chouette chuinte à nouveau
    Le hibou dort sous un viaduc, le café est trop chaud

    Ensuite ? L'oursonne finalement retrouva sa tanière
    Grâce à un papillon qui avait de bien belles manières
    Ils devinrent très amis mais c'est une autre histoire
    Disponible dans la collection folio j'en ai marre
    Le marcassin ? Il n'a pas quitté le bois messin
    Il a grandi, a trouvé une laie et a plein de marcassins

    MORALITE

    Quand la chouette chuinte et que le hibou hulule,
    Quand le sèche-linge suinte, et que vous regardez la pendule
    Il vaut mieux aller se coucher au lieu d'écrire n'importe quoi
    Et surtout pas l'histoire d'un marcassin au fond des bois

    AUTRE MORALITE

    A six heures du matin, il est vain de jurer par tous les saints
    Quand l'inspiration n'est pas venue
    Quand le sèche-linge est foutu
    Même si la chouette ne chuinte plus

    MORALITE DU JOUR

    Restez chez vous même si on vous donne rendez vous
    Restez au plumar même si on vous file un rencard

    Gil DEF. 18.01.2005
     


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    Ô belle et douce amie, une étoile veille ta nuit
    Cet hiver glace la pluie, hier revient aujourd'hui
    Le lierre étouffe l'envie, le vent erre sans un cri
    La neige s'est refroidie, ta plume s'est engourdie

    Ô belle et douce amie, ma plume jamais n'oublie
    Il fut des mots surpris, des mots bleus dans le gris
    Et une louve qui sourit à l'arc en ciel joli
    Qui touche le paradis et l'épaule d'un ami

    Ô belle et douce amie, mon âme jamais n'oublie

    Il fut un seul merci, pour toujours il est dit
    Une seule fois a suffi, pour l'amie on écrit
    C'est toujours aujourd'hui, on n'est jamais parti

    Aux caresses des mots gentils, je revis à l'envie,
    Le soleil et la pluie, jusqu'au bout de la nuit,
    Je vis, je pleure, je ris, je rêve, je crie, j'écris
    Le loup est un ami, je danse la lune jolie

    Un papillon s'envole, un oiseau blanc décolle
    Et sa plume s'affole, mon âme caracole
    Avec des idées folles, elle le suit dans son vol
    Et d'un regard l'isole en bonheur sans paroles

    Ô belle et douce amie, il fut un matin gris
    Une orange qui bleuit dans l'hiver qui survit
    Ton encre a vite écrit un printemps qui fleurit,
    Pour un amour qui prie, un ami jamais n'oublie

    Et voilà ma plume ose, jusqu'au nom de la rose
    Des lèvres se déposent, l'encre se métamorphose
    Son parfum déraisonne, un baiser s'abandonne
    Et ma plume en frissonne en rimes qui s'étonnent

    Ô belle et douce amie, les matins sont jolis
    Quand un amour s'écrit, quand un amour se lit
    Tu vois ma mer qui dit l'horizon infini,
    Mon bonheur te sourit, tu lui dis il se vit

    Ô belle et douce amie, ce matin l'encre t'écrit
    La vitre oublie la nuit, ma plume s'est éclaircie,
    Le bleu nuance le gris, et elle sera rouge vie
    Si renaît la magie des mots de mon amie

    Ô belle et douce amie, ne disons pas merci
    Ecrivons aujourd'hui pour l'amour de la vie
    Partons sous la pluie jusqu'au blé qui mûrit
    La glace fond à l'envie du loup qui crie la nuit

    © Gil DEF. 16.03.2005



     


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    Où est le bien ? Où est le mal ?
    La question n'est pas banale
    Elle est fondamentale
    Ca commence dans les contes de fées
    Mais la princesse trouve toujours son beau fiancé
    La question ? Ce n'est pas le moment de la poser
    Mais quand elle se pose
    Chaque jour elle s'impose
    Et on comprend déjà
    Elle sera là à chaque pas
    Même si on n'y pense pas

    C'est la question du fidèle au prophète
    Du disciple au maître
    Du libre penseur dans sa quête
    Question sur tous les continents
    Question depuis la nuit des temps
    C'est la question incontournable
    La question toujours différente et si semblable
    La question finale
    On la pose à chaque matin
    Quand on approche du bout du chemin
    Quand on espère encore un nouveau matin
    Pouvoir tenir une main le jour de la douce fin
    Et laisser couler la dernière larme salée
    Sur le sillon d'une joue à peine creusée
    Avec un élan vers un peu de lumière et d'éternité

    Dernier soupir
    Un sourire
    La question n'était pas banale
    La vie ce n'était pas si mal
    Je ne sais pas où est le bien, où est le mal


    © Gil DEF - 10.11.2004
     


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    Quand je joue cet adagio
    Si triste et si beau
    J'imagine toujours
    Etre ce mime qui un jour
    M'a touché le coeur
    Et je joue sa douleur
    Et parfois j'ai peur

    Sur l'adagio d'Albinoni
    Le mime est là assis
    Dans un coin de la scène
    Recroquevillé sur sa peine
    Le faisceau du projecteur
    Eclaire à peine sa torpeur
    Le silence se répand
    Le temps se suspend
    On entend battre un coeur
    C'est le mime qui a peur
    De montrer son malheur
    De faire pleurer le spectateur
    Venu applaudir le bonheur

    Sur l'adagio d'Albinoni
    Le rayon du projecteur
    Découvre sa paleur
    Le mime sert une fleur
    Tout contre son coeur
    Elle n'a pas de couleur
    C'est un sanglot de douleur
    Le silence prend peur
    On entend battre un coeur
    On comprend qu'il est à l'intérieur
    De cette fleur
    Qui se meurt

    Je ne peux finir cet adagio
    Si triste et si beau
    Frappé par la douleur
    Le mime se meurt
    Avec le rayon du projecteur
    Devant la stupeur
    Du jeune spectateur
    Et moi je pleure
    Sur mon malheur


    © Gil DEF. 03.08.2004
     


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    Sur cette terre
    Il y a tant de misères
    Alors à quoi servent toutes ces prières ?

    Il faut un regard
    Qui croise un regard
    Sur tous les chemins du hasard
    Surtout dans le brouillard
    Même si l'on croit qu'il est trop tard

    Il faut une voix
    Qui dise la joie
    L'hiver quand il fait froid

    Il faut un élan du coeur
    Qui donne une fleur
    Avant la dernière heure

    Il faut une main
    Qui donne la main
    Au bout du chemin

    Il faut un poème
    Pour dire je t'aime
    Toi maman
    Toi papa
    Toi l'enfant
    Toi qui partage ma vie
    Toi mon ami
    Toi qui est mon autre
    Si différent et si semblable
    Toi que je ne connais pas
    Ici ou là-bas

    Il faut un instant
    Pour prendre le temps
    D'écouter la dernière volonté
    D'un coeur qui a toujours gardé
    Les plus beaux souvenirs
    De tous les sourires
    Et de tous les rires
    D'un coeur qui a toujours espéré
    Jusqu'à la dernière larme salée
    Un peu de lumière et d'éternité


    © Gil DEF - 25.09.2004
     


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